La « Pharmacratie » par Thomas Szasz
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Image ajoutée par le site “Nos Libertés”.
Sélectionné par Maurice, pour le collectif “Nos Libertés”, le 20 février 2011.
En 1974, Thomas Szasz, psychiatre américain de renommée mondiale publia “La Persécution rituelle des Drogués, Boucs émissaires de notre temps”. Un livre passionnant qui montre bien l’emprise du cartel pharmaceutique sur la gestion des drogues autorisées (vendues en pharmacie) et des drogues interdites par le cartel. Nous vous donnons quelques extraits de ce livre, que nous vous encourageons vivement à acheter.
Extraits :
"Il y a des milliers d’années, en des temps qu’il nous plaît de qualifier de « primitifs » (ce qui nous rend « modernes » sans avoir besoin de faire preuve d’une telle qualification), la religion et la médecin n’étaient qu’une seule et même entreprise ; elles étaient toutes deux étroitement liées au gouvernement et à la politique, ceux-ci étant soucieux de maintenir l’intégrité de la communauté et des individus qui en étaient membres. Comment faisaient les sociétés anciennes et leur prêtres-médecins pour sauvegarder la population de la famine et des calamités, des périls qu’impliquaient les affrontements militaires, et de toutes les catastrophes qui menaçaient les individus et les populations ? Ils y réussissaient en général grâce à la célébration de certaines cérémonies religieuses. Dans la Grèce ancienne (et autres lieux), l’une des cérémonies consistait en un sacrifice humain. Le choix, la désignation, les soins particuliers et, finalement, la destruction rituelle du bouc émissaire restaient l’intervention « thérapeutique » la plus importante et la plus significative que connaissait l’homme « primitif ». Dans la Grèce ancienne, la personne qu’on sacrifiait en guise de bouc émissaire s’appelait « pharmakos ». On voit donc que la racine de termes tels que pharmacologie et pharmacopée n’est point « médicament », « drogue » ou poison, ainsi que la plupart des dictionnaires le prétend à tort. La vraie racine, c’est le « bouc émissaire » !"
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"Quand les anciens voyaient un bouc émissaire, ils le reconnaissaient comme tel : c’était le « pharmakos », le sacrifice humain. Quand l’homme moderne en voit un, il ne le reconnaît pas comme tel (ou refuse de le faire) ; il cherche au contraire à trouver des explications « scientifiques », pour expliquer une fois pour toutes l’évidence même. C’est pourquoi, pour les esprits modernes, les sorcières furent des malades mentales ; les Juifs de l’Allemagne nazie furent victimes d’une psychose collective ; les malades mentaux non consentants sont des fous inconscients de la nécessité d’être soignés, etc. Parmi la liste des boucs émissaires, apparemment exigés par l’insatiable besoin de « pharmakoi », certains de ces boucs émissaires des temps modernes sont les consommateurs des substances prohibées qu’on dénomme « drogue », « dangereux stupéfiants » ou « narcotiques »."
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"L’homme ne peut vivre sans religion. Ce qui explique que les objets de sa foi et de ses pratiques religieuses aient subi une transformation et aient adopté un nouveau titre : à l’Est, on adore l’État communiste ; à l’Ouest, on voue un culte à la science et au « bien public »."
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"Nous mangeons du poulet et du bœuf, et parce que nous le faisons, nous nous sentons supérieurs aux gens qui n’en mangent pas. Nous ne mangeons ni chats ni chiens, ce qui nous fait sentir supérieur à ceux qui en mangent. Nos coutumes et nos habitudes culturelles sont un don de Dieu, elles sont naturelles, scientifiques et saines, tandis que celles des autres sont hérétiques, anormales, irrationnelles et malsaines."
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"Nous traitons des chefs spirituels comme s’ils étaient des administrateurs de la santé publique... Ce qui explique que nous rendions hommage et leur versions d’énormes salaires, aux psychiatres et autres travailleurs sociaux pour qu’ils combattent le « fléau » qu’est la drogue, comme s’ils étaient des médecins de bonne foi, alors qu’en fait ce ne sont que des prêtres drapés dans le manteau de la médecine, devenu la nouvelle soutane de l’ère scientifique."
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"Être en bonne santé implique de prendre des médicaments prescrits par les médecins (les nouveaux rabbins) et d’éviter ceux qu’interdit l’État (Dieu). Comme les lois diététiques juives engendrèrent la métaphore de la sainteté, accessible en absorbant des aliments propres et en refusant les nourritures impures, les règlements médicamenteux engendrent la métaphore de la bonne santé fondée sur les produits chimiques licites."
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"La pratique rituelle de l’alcool, du vin en particulier, est partie intégrante des religions judéo-chrétiennes. C’est la Génèse qui mentionne, la première, l’emploi du vin, lorsqu’elle nous dit que Noé avait planté une vigne et qu’il s’était enivré, le dénonçant donc, on peut le penser, comme le premier alcoolique de l’histoire et le premier « drogué ». C’est encore la Genèse qui mentionne sans équivoque, pour la première fois, l’emploi sacramental du vin. Melchisédek, roi et Grand Prêtre de Salem, l’utilise comme offrande à Abram."
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"L’utilisation cérémonielle de la marijuana est tout aussi ancienne. Hérodote décrit des populations habitant les Îles du fleuve Araxès, qui se retrouvent en groupe, jettent de la marijuana dans le feu, puis s’asseyent en cercle ; les fumées du fruit qu’on a jeté sur le feu, qu’ils aspirent, les intoxiquent, de la même façon que les Grecs s’enivrent avec le vin."
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"La destruction de « coutumes » et de cérémonies « étrangères » se déroule impitoyablement comme toutes les autres croisades, mais... c’est pour le bien des victimes ! Pour les habitants Yao de Nam Keung, petit village de huttes de bambou à toit de chaume, perché sur une colline au bord du Mékong, la controverse au sujet de l’opium apparaît incompréhensible et injuste. Pour eux, comme pour beaucoup des innombrables communautés ethniques du Laos, l’opium a toujours été le meilleur remède à tous les maux de la diarrhée aux douleurs menstruelles et à la tuberculose. “Nous sommes des gens pauvres et notre vie n’est pas facile”, dit Chao La, le chef du village, à la délégation officielle réunissant Laotiens et Américains." [...] Cette histoire symbolise bien le caractère dégénéré de la guerre que nous menons contre les stupéfiants. Elle donne une image parfaitement réaliste de cette guerre et elle révèle brutalement que le but d’un tel combat n’est pas seulement d’écarter « leurs drogues » mais de favoriser « les nôtres »."
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"Les Chrétiens brûlaient les mosquées et les temples pour répandre la parole de Jésus. Les drogophobes patentés brûlent les récoltes pour répandre la sainte parole de l’alcool. [...] Cette croisade pseudo-médicale, que mènent aussi bien les pays capitalistes que les pays communistes, risque au bout d’un certain temps, de faire plus de mal à la cause de la liberté et de la dignité humaine que n’en ont fait tous les conflits armés de notre siècle."
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"Chez un grand nombre des grandes familles bourgeoises de Téhéran, on réservait une pièce spéciale dans laquelle les invités masculins se retiraient après le dîner et où les émanations douceâtres d’un opium de première qualité avaient vite fait de reléguer les dames dans le salon. [...] La plupart des maisons de thé vendaient de l’opium et même le parlement iranien possédait un salon, qui sans être une fumerie en tant que telle, servait de lieu où les députés se réunissaient pour fumer l’opium. Le général qui mena la campagne contre cette honteuse passion des Iraniens se trouve être lui-même un Iranien, un médecin et, comme il se doit un médecin de formation américaine. C’est le docteur Jehanshaw Saleh, qui, en tant que ministre de la santé, persuada le Shah d’interdire la culture et l’utilisation de l’opium. Pour y arriver, il fut obligé de rebaptiser tous les utilisateurs d’opium avec l’étiquette « drogué »."
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"La nation iranienne s’est maintenue en tant que telle depuis deux mille ans ; sa population utilisait l’opium avec modération, surtout afin de supporter une vie dure et sans espoir. Pourquoi les Iraniens ont-ils subitement interdit l’opium en 1955 ? « La prohibition » écrit Kamm, « était motivée surtout par des raisons de prestige. Ce qui signifie, à l’ère de la modernisation, pour la majorité des pays en voie de développement l’imitation du modèle américain, on considérait que l’opium était le triste reliquat d’un sombre passé oriental, cadrant mal avec l’image que le Shah voulait créer d’un pays en voie d’expansion et d’américanisation. » Voilà bien la clé du problème : « l’imitation du modèle américain ». Une telle imitation suppose les démarches suivantes : substituer l’alcool à l’opium ; médicaliser certaines habitudes personnelles ainsi que les traditions culturelles, surtout celles que l’État cherche à interdire ; enfin introduire des méthodes médicales de contrôle social."
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"Pendant des siècles, l’humanité et la médecine ont employé l’opium comme sédatif et comme remontant, et c’est en effet le plus efficace et le plus inoffensif. Mais l’opium, comme le guérisseur indigène, est simple et sans prétention ; ce n’est que jus de pavot. Pour s’en servir ou le produire, on n’a besoin ni de chimiste, ni d’industrie pharmaceutique, ni de médecin. Et j’y vois l’une des principales raisons de l’attitude de la médecine moderne qui lui tourne le dos avec tant d’ingratitude, comme elle l’a fait aux siècles passés pour la sage-femme. L’opium et la sorcière rappellent tous deux à l’arrogant « médecin » ses basses origines, lui qui aspire plus à régner sur son patient qu’à le guérir. Pis encore, ils le menacent de le remplacer par le guérisseur local, par la médecine populaire, et même par les efforts du malade pour se soigner selon des méthodes qu’il choisit seul. Il n’y aurait plus besoin de médecin !"
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"Si la guerre contre les sorcières fut aussi féroce, c’est parce qu’elles menaçaient le pouvoir oligarchique des prêtres, de la même façon que les « dealers » menacent le pouvoir oligarchique des médecins. C’est un fait remarquable et pertinent que la première personne à être exécutée dans la colonie du Massachusetts Bay fut Margaret Jones, une femme médecin accusée de sorcellerie."
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"Avec une régularité monotone, les gens manifestent une peur stupide devant les boucs émissaires et font une confiance aveugle aux dangereux individus qui les fabriquent."
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“En 1915, la dernière phrase d’un article de fond du “Journal of the american medical association” définissait l’opium de la façon suivante : « Si toute la materia medica à notre disposition devant se limiter au choix et à l’emploi d’une seule et unique drogue, je suis certain que la plupart, sinon la majorité, choisiraient l’opium ; et je reste convaincu que si nous devions sélectionner, disons une demi-douzaine de drogues parmi les plus importantes de la pharmacopée, nous mettrions tous l’opium au premier rang. »"
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"En juillet 1884, Freud publia son essai sur la cocaïne, dans lequel il cite la documentation réunie à ce sujet et relate sa propre expérience, que Jones résume ainsi : « Il parlait de joie de vivre et d’euphorie durable, qui ne différait en rien de l’euphorie normale d’une personne en bonne santé... On s’aperçoit d’un contrôle de soi accru et on se sent une vitalité nouvelle pour travailler... En d’autres termes, on est dans un état parfaitement normal et l’on a du mal à croire que cet état est dû à l’influence d’une drogue... On devient capable de faire de longs et intenses travaux intellectuels, ou un effort physique, sans ressentir aucune fatigue... Et ce résultat ne s’accompagne d’aucun des inconvénients désagréables qui suivent la gaieté provoquée par l’alcool. »"
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"Dans les Sociétés Théocratiques, les autorités utilisèrent Dieu et la religion pour asservir l’homme ; dans les Sociétés Thérapeutiques, elles utilisent en plus la médecine et la science. Et de la même façon que Dieu et les prêtres ont menti à l’homme, je dis que la Science et le Médecin le trompent aujourd’hui. « Mangez le fruit et vous mourrez ! », avait dit Dieu, mais ce n’était pas vrai. « Prenez de la drogue, et vous mourrez ! », dit aujourd’hui la Science, mais ce n’est pas vrai non plus."
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"Comme dans la psychiatrie, on voit ici comment le médecin étiquette son malade comme « menteur », alors qu’en réalité c’est le médecin (et sa profession et le corps médical) qui pratique le mensonge à grande échelle. C’est le médecin qui dénomme « gros » les gens qui mangent sans retenue (si c’est ce qui explique qu’ils soient gros) ; c’est lui qui appelle « patients » des gens qui ne veulent pas le consulter (et qui souligne le fait qu’ils ratent leurs rendez-vous !) et qui prétend « conseiller » les gens en leur ordonnant des « régimes » qu’il qualifie de « traitement ». Certains parallèles entre l’obésité et la toxicomanie sont évidents, et souvent reconnus (et soulignés) par des professionnels et des non-professionnels. Les personnes trop grosses sont appelées « carboholics » ; beaucoup d’entre elles avouent être aussi impuissantes devant la nourriture que les alcooliques le sont devant l’alcool et elles cherchent un soulagement en se soumettant à des autorités desquelles elles espèrent et quémandent sans aucune honte n’importe quelle contrainte."
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"Les experts médicaux, et tous ceux qui font profession de faire maigrir les gens, sont, comme beaucoup de détracteurs de l’alcool et certains drogophobes, des « ex-drogués ». Ces nouveaux « saints » se sont qualifiés pour cela parce qu’ils ont été des « pécheurs ». Ce processus myhto-religieux de « purification » par la maîtrise de la « souillure » que j’ai décrit plus haut, s’effectue par la critique du régime de manière plus dramatique et plus radicale que par l’absention d’alcool et de drogue. La description qu’en donne Allon est aussi instructive que juste : « Le Trim-Downer », le Juste, le Louable, c’est celui qui cherche à perfectionner son corps toujours et encore. Pour devenir aussi suprêmement Juste, il faut partir d’un corps trop gros pour atteindre à la guérison finale qu’est la minceur. La sainteté réside dans l’acte de purification. Pour devenir un saint, il faut d’abord avoir été un pécheur."
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"Le « fléau » de la drogue et de la toxicomanie menace l’Amérique et les Américains, mais, au fur et à mesure que la persécution médicale s’étend de la masturbation à la marijuana, et de là au poisson pané et aux frites, le danger de ce fléau ne réside pas dans la maladie, qui n’existe pas, mais dans le traitement, qui n’est qu’un barbarisme médical effréné, déguisé et défini comme diagnostic, prévention, protection ; hospitalisation et traitement. Pour l’apprécier à sa juste valeur, il faut comprendre que la logique de la « criminalisation » du poisson pané et des frites découle de l’opinion totalitaire qu’entretient la médecine au sujet de la toxicomanie, de l’obésité et de tous les problèmes humains."
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"Je crois donc que les gens devraient avoir la liberté de décider s’ils veulent ou non être étiquetés comme « patients » parce qu’ils se masturbent, ont des pensées qui leur font peur ou mangent trop ; on devrait leur laisser décider s’ils désirent se soumettre à des médecins qui vont mutiler leurs corps dans l’intention de les « purifier » de leurs « impuretés ». La liberté de culte devrait inclure, avec la religion théologique, la religion psychiatrique, chirurgicale et médicale."
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"Les activités des médecins nazis, qui valurent à nombre d’entre eux d’être pendus à Nuremberg, ne furent malheureusement pas les aberrations d’une sainte corporation de guérisseurs auxquelles la terreur d’un régime totalitaire les aurait obligés. Au contraire, il faut les interpréter comme l’expression caractéristique, bien qu’exagérée, des fonctions traditionnelles de la profession médicale en tant qu’instrument de contrôle social. Les médecins du Moyen Âge secondèrent l’Inquisition de leur mieux ; ils n’ont jamais cessé de soutenir les entreprises militaires de toutes les nations ; dans les pays modernes, ils jouent invariablement le rôle d’une force parapolicière qui contrôle la déviance, et tout particulièrement au moyen du traitement psychiatrique non volontaire. La guerre que la profession médicale livre à certaines drogues tout en prônant d’autres, n’est qu’un des multiples épisodes, et à notre époque peut-être le pire, de la longue histoire de sa participation aux conflits politiques, nationaux et religieux."
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"Lorsqu’en 1944 l’Académie de Médecine de New York publia son rapport sur la marijuana qu’elle déclarait « parfaitement inoffensive », le “Journal of the American Medical Association” « déchaîna ses foudres contre l’Académie, et avertit les autorités publiques qu’elles feraient bien de n’accorder aucun crédit à cette étude non scientifique et de continuer à considérer la marijuana comme une menace partout où elle apparaîtrait. »"
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"En 1680, Sydenham écrivait : « Parmi les remèdes que le Tout-Puissant a bien voulu donner à l’homme pour soulager ses maux, rien n’est plus efficace ni universel que l’opium. Cette opinion reste très valable. S’il fallait restreindre l’éventail des drogues à quelques-unes seulement, la majorité des médecins mettraient les alcaloïdes de l’opium, et la morphine en particulier, en tête de liste. La morphine reste inégalée en tant qu’analgésique et ses utilisations indispensables en médecine et en chirurgie sont bien définies. »"
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"En février 1970, un éditorial du “Syracuse Post-Standard” ne se contentait pas d’exalter à grands cris le « programme prévu par le gouverneur Rockefeller qui demandait 265 millions de dollars pour faire la guerre à la drogue », mais il suggérait encore que « soit nommé pour l’exécution de ce programme... un homme nanti de pouvoirs quasi dictatoriaux... comme un tsar si l’on veut... » L’éditorial se terminait sur cet avertissement révélateur : « La toute première chose à faire est de débarrasser la State University et les écoles de tous les enseignants ou employés qui, publiquement ou en privé, défendent le droit des étudiants à utiliser toutes sortes de drogues...»"
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"La pharmacologie est la science des drogues, et en particulier de ses effets et des emplois thérapeutiques et toxiques. Il me semble donc aller de soi qu’un système de contrôle politique fondé et appliqué au nom des drogues doive s’appeler « pharmacratie ». Puisque la théocratie, est la règle de Dieu ou des prêtres, et la démocratie la règle du peuple ou de la majorité, la pharmacratie est donc la règle de la médecine ou des médecins."
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"Cette métamorphose, dont la condamnation de l’opium et de la cocaïne reste les meilleurs exemples, progresse à travers un réseau déterminé aux stades subtils. Tout d’abord la substance X est librement accessible. Mais les détenteurs du pouvoir s’aperçoivent que, bien que X ne soit pas indispensable à la survie de l’individu, les gens en veulent et donnent de l’argent pour en obtenir ; ils vont donc s’en saisir comme source de revenus : le gouvernement imposera une taxe sur X, le soumettant à des règlements économiques. Ensuite, X est défini comme étant une drogue, ce qui fait que son emploi n’est légitime que pour pour le traitement des maladies ; le gouvernement, avec l’aide empressé du corps médical, en limite l’usage sur ordonnance aux seuls médecins et soumet X aux contrôles médicaux. Ce qui provoque un marché noir de X et des excès dans la distribution médicale par le biais de « surprescriptions », ce qui amènera les autorités et le public à exiger un contrôle plus sévère de X. Enfin, pour justifier et favoriser l’interdiction totale de X, la « recherche médicale » révélera que X ne comporte aucune véritable « indication thérapeutique » de ses vertus, et dès lors, le moindre usage de X sera considéré comme un « excès » par les politiciens, les médecins et le public qui, en chœur, le banniront définitivement. Nous avons déjà vécu ce processus de l’escalade dans l’interdiction, lorsqu’une substance utile et libre à l’achat se voit transformer en fléau irréductible de l’humanité : ce fut le cas de l’opium et de la cocaïne. Nous avons commencé à en vivre les premiers stades, sans encore aller jusqu’au bout, en ce qui concerne l’alcool, le tabac, les amphétamines, les vitamines A et B prises à large dose et d’autres substances."
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"Quand les Américains, pour endiguer la drogue, font confiance, non pas à eux-mêmes, mais à des lois antidrogue (c’est-à-dire qu’ils votent des lois qui leur interdisent l’usage de la drogue à eux-mêmes) ; quand ils font confiance aux Alcooliques Anonymes pour stopper les dégâts causés par l’alcool, et non à eux-mêmes ; quand voulant maîtriser leurs poids, ils délèguent leurs pouvoirs aux « Weight-Wahcters » ; et quand, en général, devant les vicissitudes sans nombre de la vie quotidienne, ils se fient à des médecins, à leur diagnostic et à leurs drogues ; ils ne se sentent pas moins libres et « politiquement indépendants », parce qu’ils ne sont pas, de façon évidente et criante, persécutés par un Hitler ou un Staline ! La capacité qu’a l’être humain de mentir à autrui n’est surpassée que par celle qu’il a de se mentir à lui-même."
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"Pourquoi la maîtrise de soi, l’autonomie représentent-elles une telle menace pour l’autorité ? Simplement parce que la personne qui exerce un contrôle sur elle-même, et qui est donc son propre maître, n’a aucunement besoin du maître que serait l’autorité. Une telle situation provoquerait le chômage de l’autorité ! Toute autorité a besoin de sujets, de personnes qui ont besoin de quelqu’un d’autre, tout comme les parents ont besoin d’enfants et les médecins de patients."